Encore la guerre: Du trauma psychique au militantisme, une analyse politique

Abstract

L’auteur constate un déficit de prise en compte du trauma psychique de guerre par les cliniciens et l’institution militaire jusqu’à la fin du XX e  siècle. Il s’attarde à ce propos sur un cas relevant de la microhistoire, celui d’un militant patronal en vue dans les années 1930 à 1950, qui suggère une corrélation inattendue entre trauma et engagement vigoureux dans l’espace public. La littérature pertinente, en ce début de XXI e  siècle, indique que, lors des trois grands conflits armés auxquels la France a participé au XX e  siècle – première et seconde guerres mondiales, Algérie –, entre 15 et 30 % des combattants ont été affectés d’un trauma psychique et que ces conflits ont été suivis d’une flambée d’engagements dans l’espace public, souvent avec succès. S’il s’avère possible d’établir cette corrélation, la guerre, une fois de plus, fait figure de matrice inattendue de dynamiques sociales qui impriment leur marque dans les trajectoires du politique à l’époque contemporaine, à une condition : un contrôle rigoureux de la documentation et de l’argumentaire dans un contexte scientifique en cours d’élaboration. 

Warfare once more: from war psych trauma to activism, a political analysis

The author claims that war psych trauma has been poorly taken into consideration by clinical psychologists and by the military till the end or the 20 th century. In that context, he presents a micro- historical case, that of a business activist prominent in the years 1930 to 1950, that suggests a correlation between war trauma and a strong engagement in the public space. At the beginning of the 21 st century, the relevant literature indicates that, during the three major conflicts in which France has been involved, from 15 to 30% of the soldiers have suffered a psych trauma, and that those conflicts have been followed by an upsurge of activism in the public space, often with noticeable success. If it were possible to establish such a correlation, it would suggest that, once more, warfare appears as the unexpected matrix of social dynamics impacting contemporary political trajectories, provided one takes care of exercising a strict control on the documentation and on the argument in a scientific context still in the making.