38|avril 2016
Charivaria

Nuits, objets de peurs et de désirs à Maboneng (Johannesburg, Afrique du Sud)

Chrystel Oloukoï
University of Washington (Department of Geography)
Bio

Published 2016-04-01

Keywords

  • Déréalisation,
  • désir,
  • gentrification,
  • nuit,
  • peur,
  • représentations,
  • Derealization,
  • desire,
  • Gentrification,
  • fear,
  • night,
  • representations
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How to Cite

Oloukoï , C. (2016). Nuits, objets de peurs et de désirs à Maboneng (Johannesburg, Afrique du Sud) . Sociétés Politiques comparées. Revue européenne d’analyse Des sociétés Politiques, 38. https://doi.org/10.36253/spc-19359

Abstract

Cet article analyse les représentations entourant la nuit à Maboneng, espace situé dans le quartier de Jeppestown (Johannesburg), à l’aune de certaines logiques de « déréalisation ». Ce concept, emprunté à la psychologie, désigne l’écart, voire la dissociation qui s’insinue entre l’expérience et la représentation. Les classes dominantes qui gentrifient Maboneng se caractérisent par un rapport paradoxal à la nuit où se mêlent peur et désir, de sorte que si les espaces nocturnes sont craints et évités, ils sont aussi et surtout convoités. A défaut d’être pratiqués en dehors de l’enceinte fermée du club, ils sont abordés à distance, et notamment à travers des récits, anecdotes personnelles et rumeurs qui leur donnent un caractère mythique. L’expérience concrète de la nuit se fait ainsi à l’aune de cette autre nuit narrative, renforçant la distance – liée à l’histoire urbaine de Johannesburg – entre classes dominantes et espaces nocturnes centraux. 

 

Nights, objects of fear and desire in Maboneng (Johannesburg, South Africa)

This article focuses on nocturnal representations in Maboneng, a space situated in the neighbourhood of Jeppestown (Johannesburg), through the concept of derealization. Borrowed from psychology, this concept analyses the gap, or even the dissociation, that can occur between experience and representation. The dominant class that gentrifies Maboneng has an ambivalent relation to the urban night spaces – feared and avoided, but also and desired and coveted. If the dominant class do lack the experience of Johannesburg’s central night spaces, outside of the closed night clubs, they do, however, approach them from a distance and through stories, personal anecdotes and rumors. This distance imbues night spaces with a mythical aura. The concrete experience of the night is mediated by another night, a narrative one, which reinforces the distance that have been created – due to Johannesburg’s urban history – between dominant classes and central nocturnal spaces.