40|décembre 2016
Varia

La cité radiophonique: démocratie de chantier, domination technocratique et patriotisme bureaucratique en Ouganda

Florence Brisset-Foucault
Institut des mondes africains − Université Paris 1 Panthéon-Sorbonne
Bio

Published 2016-12-01

Keywords

  • bureaucratie,
  • citoyenneté,
  • néolibéralisme,
  • Ouganda,
  • participation,
  • radio,
  • bureaucracy,
  • citizenship,
  • neoliberalism,
  • Uganda
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How to Cite

Brisset-Foucault, F. (2016). La cité radiophonique: démocratie de chantier, domination technocratique et patriotisme bureaucratique en Ouganda . Sociétés Politiques comparées. Revue européenne d’analyse Des sociétés Politiques, 40. https://doi.org/10.36253/spc-19380

Abstract

Dans la région des Rwenzori, en Ouganda, la radio participe de la « bureaucratisation du monde ». En encourageant la création de « forums d’auditeurs », elle met en scène des technocrates procéduriers et des citoyens vigilants quant à leurs services publics. Des formes anciennes de leadership reposant sur le patronage et l’endossement d’une mission pédagogique d’édifi cation des masses s’y renouvellent à l’aune de l’imaginaire néolibéral. Ces émissions réinsuffl ent du sens à l’Etat et le remettent au centre du développement. Mais dans la cité radiophonique, ses bienfaits sont réservés aux « citoyens soucieux », qui rejettent l’idée que l’intervention de l’Etat est un droit, et qui démontrent leur bienséance grâce aux atours de la bureaucratie. Pour eux, les forums radiophoniques s’insèrent dans des rêves bien particuliers de modernité et de renaissance morale, faisant de la bureaucratie le vecteur d’une ambition patriotique de civilisation, d’égalité et de standardisation.


The Radio Polity. Construction site democracy, technocratic domination, and bureaucratic patriotism in Uganda

In the Rwenzori region of Uganda, radio drives the "bureaucratisation of the world". By encouraging the creation of "listeners’ forums", it produces pernickety technocrats and watchful citizens. Old patterns of leadership, based on patronage and the endorsement of a pedagogic mission to enlighten the masses, are renewed through the spirit of neoliberalism. These radio shows breathe new life into the State and bring it back in the centre of development. However, in the radio polity, its benefi ts are limited to "concerned citizens", those who reject, precisely, the idea that State interventions are a universal right, and those who demonstrate their seemliness through the bureaucratic attire. For those, the listeners’ forums should be understood within larger dreams of modernity and moral rebirth, where bureaucracy becomes the vehicle of a patriotic ambition of civilisation, equality and standardisation.