19|novembre 2009
Articles

L’émigration clandestine portugaise vers la France et les paradoxes de l’intégration européenne

Victor Pereira
IHC-UNL/FCT
Bio

Published 2009-11-01

Keywords

  • intégration européenne,
  • dictature salazariste,
  • frontières,
  • illégalismes,
  • émigration portugaise,
  • guerres coloniales,
  • Portugal,
  • european integration,
  • Salazarist dictatorship,
  • borders,
  • illegalisms,
  • Portuguese emigration,
  • colonial wars
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How to Cite

Pereira , V. (2009). L’émigration clandestine portugaise vers la France et les paradoxes de l’intégration européenne. Sociétés Politiques comparées. Revue européenne d’analyse Des sociétés Politiques, 19. https://doi.org/10.36253/spc-19444

Abstract

L’article analyse l’émigration clandestine portugaise vers la France (1960-1974) à l’intersection de l’ouverture européenne, du maintien de l’Empire et des transformations de la gouvernementalité salazariste. Dans une perspective foucaldienne, il montre les tensions entre une gouvernementalité autoritaire, fondée sur le contrôle strict de l’émigration légale, et une logique plus libérale qui tolère dans les faits l’illégalité. Tandis que l’État multiplie les obstacles administratifs aux départs officiels pour satisfaire notables ruraux et impérialistes, il laisse se développer une émigration clandestine massive. Celle-ci fonctionne comme une soupape sociale, un soutien économique par les devises, et un appui indirect à l’effort colonial. La frontière est volontairement sous-investie et la police politique fait preuve d’un « laisser-faire » assumé. L’illégalité apparaît ainsi non comme un simple échec de l’État, mais comme un mode paradoxal et contradictoire de gouvernement.

 

Portuguese Clandestine Emigration to France and the Paradoxes of European Integration

The article examines Portuguese clandestine emigration to France (1960–1974) at the intersection of European opening, the preservation of the Empire, and transformations in Salazarist governmentality. From a Foucauldian perspective, it highlights the tensions between an authoritarian form of governmentality based on strict control of legal emigration and a more liberal logic that, in practice, tolerates illegality. While the state multiplies administrative obstacles to official departures in order to satisfy rural notables and imperial interests, it allows a massive clandestine emigration to develop. This emigration functions as a social safety valve, an economic support through remittances, and an indirect contribution to the colonial war effort. The border is deliberately under-resourced and the political police adopt a form of deliberate “laissez-faire.” Illegality thus appears not as a simple failure of the state, but as a paradoxical and contradictory mode of government.